La naine avait grand mal à trouver le sommeil depuis que tout avait commencé, depuis que l'on lui avait ôté sa cuisine, depuis que Thordril s'intéressait à elle, depuis qu'elle avait pris les armes, qu'elle avait vu la mort de si près ... Celle qui vous guette à chaque instant lorsque vous faites face à l'ennemi, celle qui vous fait vous rendre compte que votre vie ne tient qu'à un fil, que même celles des plus grands héros peut-être arrachée d'un coup d'épée.
C'était presque impossible de le trouver, ce sommeil, alors elle décida de se lever, elle ramassa ses haches et fit quelques pas dans le camp, éclairé par quelques feux modérés ainsi qu'une pleine lune éclatante, épargnée par les nuages.
Il n'y avait pas un chat, à part les guetteurs tenant la garde ... Elle devait se sortir toutes ces idées de la tête, toutes ces pensées ... Elle se trouva une cible, aménagée plus tôt par quelques soldats désireux de se désirer en forme, serra fort l'une de ses haches et la lança avec force vers celle-ci.
A coté.
A coté ... Et quel manque de puissance, elle tenta avec la deuxième, pas bien étonnée. Elle tomba un peu plus proche ... Juste un chouilla. Elle réessaya alors, après avoir ramassé ses haches, encore et encore ... Ne parvenant pas à toucher sa cible à une poignée de mètres, l'effleurant parfois, lui découpant des bouts de son support, celle-ci s'écroulant une paire de fois sans jamais que l'arme ne la touche réellement.
La naine n'était plus vexée ... Et elle était tout simplement folle de rage. Elle avait promis à Thordril que dans trois mois, elle lancerait mieux que lui ... Et si tout le monde avait déjà oublié, pensant que ce n'était là qu'une bravade, elle non. Et puis, pire que ça ... Si elle devait combattre, ce n'est pas en perdant ses haches à droite et à gauche qu'elle ferait de vieux os.
Après avoir ramassé ses haches une ultime fois ... elle couru presque pour revenir sur ses marques, se retournant en poussant un grondement digne d'une tigresse, propulsant l'arme droit dans la cible, la tranchant tout bonnement en deux comme une vulgaire pastèque.
Elle haussa les sourcils, surprise de sa propre performance, calmant un peu sa respiration, serrant doucement le poing, comme pour se rendre compte de la chose ... Ce moment fut néanmoins bien vite écourté par les applaudissements de quelques veilleurs qui se tenaient non loin, moqueurs évidemment.
Elle se contenta alors de ramasser sa hache, pestant quelques insultes avant de venir se réfugier dans sa tante ... Pas de cuisine, pas de maison, rien, juste une tente pourrie, une tenue qui puait le sang de troll et une bande de gaillards qui n'ont pas vu une naine depuis les éons.
Foutre gras, c'est dégueulasse la guerre.